Interview de Véronique Augé

1) Depuis quand écris-tu ?

Je me rappelle avoir écrit ma première fiction un été, pendant mes vacances chez mes grands-parents. L’histoire s’appelait « Les naufragés », un truc comme ça. J’avais rempli une quarantaine de pages d’un petit cahier. J’étais fière. J’allais avoir onze ans.

2) Qu’est-ce qui t’inspire dans l’écriture ?

L’universalité et l’intemporalité des thèmes que j’affectionne : l’amour, la douleur, les forces et fragilités des gens. Personne n’est parfait. Et personne n’est à l’abri de vivre quelque chose qui bouleverse sa vie, qu’il s’agisse d’événements heureux ou malheureux.

3) Qu’aimes-tu lire ?

J’ai toujours aimé les romans, même si je lisais aussi pas mal de bandes dessinées quand j’étais jeune (De Picsou à Enki Bilal).

4) Es-tu plutôt « plan écrit à l’avance » ou « totale improvisation » pour rédiger ?

Je suis lente, et c’est souvent le bazar dans mes pensées : « un plan écrit à l’avance » me permettrait de moins m’éparpiller, car je suis plutôt dans l’improvisation. Mais ça a du bon aussi. C’est plus long, certes, mais ça permet une ouverture intéressante pour accueillir toutes les idées qui viennent à l’esprit, sans s’auto-censurer parce qu’elles ne font pas partie du plan d’origine.

5) Quel est ton personnage préféré dans ton roman « Demain et les autres jours » ? 

Emma. Elle est douce, généreuse. C’est une vraie gentille. Elle représente à elle seule mes amies les plus proches. Écrire sur elle m’apaisait.

6) As-tu un message pour tes lecteurs ?

Croire en la citation de Mark Twain, au début de mon roman : « They didn’t know it was impossible, so they did it ».
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Je l’adore, elle est magnifique et m’a sauvé la vie. C’est ma ligne de conduite. Si vous avez un rêve ou un combat à mener ne lâchez rien, même si vous avez parfois envie de laisser tomber. La peur inhibe souvent nos capacités, et on en a tous.

7) Quels sont les auteurs qui t’inspirent ou que tu aimes lire ?

Concernant les auteurs que j’ai aimé lire et que j’aimerais relire si j’avais plus de temps : sans conteste Albert Camus, pour les classiques, et Philippe Djian.

Les auteurs de feel good m’ont ensuite beaucoup accompagnée dans mon combat contre la maladie. Il y en a pas mal, mais j’ai été bouleversée par Virginie Grimaldi. Cet été, j’ai aussi découvert Ito Ogawa, une pépite.

Grâce à eux tous, j’ai découvert qu’une histoire écrite avait le pouvoir de faire pleurer, et qu’on pouvait s’obliger à lire lentement pour ne pas la terminer trop vite.

8) Où aimes-tu écrire ?

Généralement dans un endroit calme : chez moi, à la médiathèque, et j’ai adoré écrire dans le Lot, chez ma mère. Mais, paradoxalement, j’adore aussi écrire dans les bars. Surtout en métropole. Le brouhaha du monde m’aide à me concentrer.

9) As-tu un ou plusieurs autres projets d’écriture en ce moment ?

Quand j’ai écrit Demain et les autres jours j’étais en arrêt maladie. Trois ans. J’ai eu le temps d’écrire, et c’est ce qui m’a aidée à mieux supporter les cures de chimio. J’ai eu la chance de m’en sortir et de pouvoir à nouveau travailler. Je me suis concentrée ces deux dernières années sur la préparation du Capes de Lettres mais avec cette reconversion professionnelle dans le secondaire je suis à nouveau stagiaire, comme il y a vingt ans lorsque j’étais professeure des Écoles, et tout est à faire. Je n’ai plus une minute à moi, ni le cerveau de mes vingt ans. Donc zéro temps mais des projets en tête, notamment recommencer à écrire, quand ce sera plus calme au niveau de la préparation des cours, d’ici deux ans ? (rires),en m’essayant à l’écriture de nouvelles. J’ai également un projet de roman en tête depuis quelques mois, mais j’hésite encore entre deux histoires.

10) Quel moment de la journée est le plus propice à l’écriture selon toi, et pourquoi ?

C’est complètement variable, je n’ai pas trouvé de rythme de croisière. Je pensais être plus du matin et ne pas du tout être productive l’après-midi et le soir mais j’ai écrit des passages de mon roman que j’aime beaucoup dans ces moments. Je crois que c’est davantage une question d’horaire : globalement entre 10 et 13h, entre 17 et 19h, et entre 21 et 23h.

11) Plutôt clavier d’ordinateur ou papier et stylo ?

Même réponse que pour la question précédente, cela varie. Je suis de la vieille école, celle des heures de travail passées dans les bibliothèques aux parquets qui craquent et dont l’odeur des livres me poursuivait jusque dans le bus pour rentrer à la maison. J’ai adoré cette ambiance. J’ai mis beaucoup de temps à utiliser un ordinateur, mais je ne peux plus m’en passer, on peut supprimer les phrases qui ne correspondent pas à ce qu’on a en tête ou qui ne nous plaisent plus en un instant, c’est pratique. Cependant j’ai toujours un calepin dans mon sac à main. J’en ai besoin pour collecter quelque chose qui m’a plu, même si je n’en fais rien après : un fait, une idée, une sensation, une émotion.

12)  Quels sont tes rêves les plus fous, par rapport à ton roman ?

• Effectuer la randonnée de Sarah dans les mêmes conditions que celles du roman (9 jours d’affilée avec des porteurs)
• Offrir mon livre à Fabien (Grand Corps Malade), c’est un grand Monsieur que j’admire, dont le film Patients, qui m’a bouleversée quand j’étais sous chimio.
• Devenir un jour aussi zen que L’homme qui voulait être heureux.