Après Catherine Coulombel, c’est la charmante Raphaëlle Mara, auteure du roman “Amaisadís”, qui répond à nos questions ! Vous avez suivi ses confessions et ses révélations sur les réseaux sociaux, ces dernières semaines. A présent, son interview est à redécouvrir sur notre blog ! Merci à Raphaëlle pour sa participation et bonne lecture à tous.
1) Depuis quand écris-tu ?
Je crois que je l’ai toujours fait. Mais jamais montré. J’écrivais pour moi, enfant, puis adolescente, jeune adulte. Une question de légitimité je crois, qui suis-je pour écrire ? Est-ce que ce que j’ai à dire, compte ? Pendant longtemps j’ai pensé que non. Que c’était réservé à d’autres. Jusqu’au jour où j’ai ouvert une page d’écriture Instagram et posté mes premiers textes. Ça s’est imposé à moi d’une certaine façon. Mais ce trac ne me quitte jamais. Cette appréhension du « ne suis-je pas un imposteur » ? On a un petit travail de confiance en soi à faire !
2) Qu’est-ce qui t’inspire dans l’écriture ?
Les relations, les liens qui se tissent. Je dirais que c’est au cœur de ce que j’écris souvent. Mais je suis aussi inspirée par tout ce qui m’entoure. Les gens, les joies, les chagrins, les épreuves, les drames, les douleurs, l’amour, l’amitié, le partage, les paysages, la nature. Je suis inspirée par le quotidien, par la vie, par les sujets sociétaux aussi, la question du handicap, celle de l’accessibilité…
3) Es-tu plutôt nouvelles ou romans ?
Je suis « roman ». Surtout parce que moi, en tant que lectrice, je suis gourmande et je ne suis pas rassasiée suffisamment par une nouvelle. Et puis, j’aime le format long, je crois que je suis trop bavarde (à l’écrit) pour me restreindre à une nouvelle. J’aime assez passer du temps avec les personnages, les installer, les voir évoluer dans le temps, dresser le décor…
4) Qu’aimes-tu lire ?
Je suis une dévoreuse de livres. Je lis beaucoup, partout, tout le temps. Je passe un temps considérable dans le train, lire est mon échappatoire. Je lis des romans, essentiellement. Et je ne suis pas impressionnée par un pavé de 800 pages. Si je suis emportée…
5) Es-tu plutôt « plan écrit à l’avance » ou « totale improvisation » pour rédiger ?
Je suis plutôt « improvisation », mais pas totale. C’est-à-dire que j’ai une trame, dans ma tête. Mais je n’écris rien. Je ne fais pas de plan, pas de schéma… rien de tout ça. Quand j’écris, je ne sais pas nécessairement ce qui va se passer ensuite. J’ai une vague idée, de la fin ou de ce que j’aimerais mettre en avant, mais j’avance en même temps que l’écriture. Quand l’idée est là, je m’y engouffre.
6) Quel est ton personnage préféré dans ton roman « Amaisadís » ?
J’ai une tendresse particulière pour Gabin. Parce que c’est un personnage dense, complexe. Il est taciturne, écorché, torturé, malheureux au fond. Il y a chez lui quelque chose de touchant.
7) As-tu un message pour tes lecteurs ?
C’est étrange de lire « tes lecteurs » parce que je me demande toujours comment c’est possible et si c’est vraiment vrai. Est-ce que réellement, des gens me lisent ? Je n’arrive pas à m’en convaincre, et pourtant, on me lit oui, avec ce roman, et ici sur instagram. Je voudrais juste leur dire merci, de me suivre, de s’impliquer, de m’encourager.
8) Quels sont les auteurs qui t’inspirent ou que tu aimes lire ?
J’ai lu, ces derniers mois, des romans formidables, qui m’ont touchée, marquée, interpellée, je pense à Une bête au paradis de Cécile Coulon, Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, Vanda de Marion Brunet, Suiza de Benedicte Belpois.
Il est des hommes qui se perdront toujours de Rebecca Lighieri, La vraie vie de Adeline Dieudonné, Buveurs de vent de Franck Bouysse. J’ai été transportée par Ma reine de Jean-Baptiste Andrea, et très récemment par Falaises d’Olivier Adam. Enfin, j’ai une tendresse particulière pour la plume de Philippe Besson. Il m’emmène toujours sur des chemins différents. Mais je suis curieuse, alors je n’ai pas fini de découvrir…
9) Où aimes-tu écrire ?
Le plus souvent, j’écris chez moi, dans ma cuisine. C’est une pièce que j’aime. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi. Elle manque un peu de lumière, n’est pas très bien chauffée si on n’allume pas le poêle à bois… mais je m’y sens bien.
10) As-tu un ou plusieurs autres projets d’écriture en ce moment ?
Oui ! Je viens d’achever un nouveau manuscrit qui est entre les mains de mes bêta-lecteurs. C’est un roman, qui me tient à cœur, important pour moi. J’espère qu’il pourra exister…
J’aspire à écrire, encore, d’autre romans, j’ai d’anciens manuscrits qui dorment. J’ai d’autres idées pour de nouveaux… C’est ce que j’aime faire, écrire…
11) Quelle question aimerais-tu qu’un lecteur te pose ?
Je ne sais pas… Ce n’est pas facile, pour moi, de répondre à des questions, dès lors que ça touche à l’intime. Et l’écriture touche à l’intime. L’exercice, ici, de répondre à l’écrit me convient bien, je reste planquée derrière mon écran. Écrire a toujours été plus évident pour moi que de dire.
12) Quel moment de la journée est le plus propice à l’écriture selon toi et pourquoi ?
J’écris le soir ou la nuit le plus souvent. Je dors peu. Quand je suis seule et que la maison est calme. Dans la cuisine.
Cependant, quand je suis dans un nouveau manuscrit, parfois, ça n’attend pas, j’écris dès que je le peux, pour ne pas que l’idée s’échappe ou parfois simplement parce que j’ai besoin, tout de suite, de dire, d’écrire.
Mais en général, c’est la nuit, oui. J’ai des journées bien remplies, un job, beaucoup de trajet, un foyer… qui ne me laissent pas toujours le loisir d’écrire quand il fait jour ! Peut-être qu’un jour je ne ferai plus que ça. J’aimerais.
13) Plutôt clavier d’ordinateur ou papier et stylo ?
Clavier. J’ai tellement de choses qui fusent dans ma tête que le numérique me sied davantage. Je peux effacer, revenir en arrière, ajouter, enlever, modifier… Ça me permet de mieux ordonner. Et puis je tape vite, pas toujours aussi vite que ma pensée mais quand même…
Si une idée me bouscule, elle est immédiatement enregistrée dans mon téléphone. D’ailleurs, pour mes textes sur insta, tout se fait sur mon portable. Vous n’imaginez pas tout ce qu’il contient de textes et d’idées. Je perds mon téléphone, je me perds moi !
Le stylo et le papier sont réservés à des choses moins spontanées, ou plus posées. Et puis je déteste les ratures, ça me frustre énormément. Et comme tout va très vite, j’en fais beaucoup.
14) Y a-t-il une place pour la musique dans le processus d’écriture ?
J’écris dans le silence, en règle générale, mais chaque manuscrit est porté par les musiques que j’écoute au moment de sa rédaction. D’ailleurs, quand je réentends plus tard un morceau, je suis directement projetée à ce que je pouvais ressentir au moment de l’écriture. Il n’y a que la musique qui soit capable de faire ça, te ramener à un endroit, un moment, une émotion, une sensation.
15) Quel est selon toi, le rôle de la littérature dans la société ?
Je crois que la littérature sert à mieux la comprendre ou en tout cas à l’appréhender, à y vivre un peu mieux. La littérature ne soigne pas mais je pense qu’elle a ce pouvoir de nous amener à l’introspection, de comprendre ce qui nous émeut, nous bouleverse, nous traverse. Elle permet de démystifier certaines choses. Elle nous élève, nous nourrit et nous affranchit de certaines illusions. Et puis, elle est capable de nous amener si loin, dans des lieux, dans des émotions, dans des sensations qu’on n’éprouverait pas nécessairement. On fait, avec la littérature l’expérience de certaines choses qu’on ne vivra jamais.
16) Quand tu n’écris pas, quel est ton grand plaisir dans la vie ?
Je lis. Mais je crois que vous le savez. Je lis, beaucoup. Tout le temps. Mes proches s’inquiètent parfois de me voir ingurgiter autant de romans. Et je crois d’ailleurs qu’à ce jeu de « si tu devais choisir entre », alors je choisirais la lecture. Bien sûr que j’aime écrire, j’ai la sensation de ne savoir faire que ça, écrire m’anime, cela résulte d’une espèce de nécessité, oui, mais lire… cela ouvre tant de portes. Le temps n’est jamais long quand on a un bon livre entre les mains. Mes trains peuvent bien être en retard, au-delà de la logistique que ça demande, parce qu’il y a aussi une maman derrière l’autrice, ça n’a pas vraiment d’importance.